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6 août 2009

Déclaration suite au tour de France 2009

Déclaration suite au tour de France 2009

Par : Commission sport
Mis en ligne : 5 août

Jeudi 30 juillet 2009

Par Marie George Buffet, Secrétaire Nationale du PCF, ancienne Ministre de la Jeunesse et des sports,

et Nicolas Bonnet, responsable de la commission sportive du PCF

Nous pouvons nous satisfaire de la réussite de ce tour de France 2009. Encore une fois la grande boucle a prouvé qu’elle est l’une des épreuves la plus populaire au monde avec des millions de spectateurs sur les routes de France et 3,8 millions de téléspectateurs en moyenne par jour.

Pour le moment, nous constatons qu’aucun cas de dopage n’est avéré. Nous pourrions nous en féliciter si cela signifie que le dopage a définitivement disparu. Mais comme beaucoup de suiveurs et de passionnés, nous restons interrogatifs, nous attendons avec impatience que l’ensemble des résultats soit communiqué par l’UCI.

Nous nous posions déjà des questions avant le départ de ce tour de France 2009 avec l’éviction de Patrice Clerc à la tête de ASO, les nouveaux accords entre ASO et l’UCI, le retour de Lance Armstrong et la tutelle de l’UCI sur les contrôles anti-dopage qui avait été organisés indépendamment en 2008 par l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD). Cette année l’AFLD n’avait pas la charge des analyses sanguines, ni des prélèvements sanguins, et n’aura peut-être pas accès de façon précise aux résultats. Nous savons aussi que pour que l’UCI soit dans l’obligation de communiquer les passeports biologiques à l’AFLD il faudrait modifier la loi française.

Aujourd’hui, des doutes persistent lorsque nous entendons, Pierre Bordry, Monsieur le Président de l’AFLD, déclarer le 13 juillet à la radio ne pas être certain « que l’on applique la même règle à tout le monde dans les mêmes conditions". Des doutes d’autant plus renforcés, lorsque nous apprenions qu’à l’arrivée à Andorre les médecins missionnés par l’UCI sont dans l’obligation d’attendre de façon exagérée les coureurs d’Astana avant de procéder au contrôle.

Les techniques de dopage ont toujours eu un temps d’avance sur les contrôles et c’est pour cela que nous devons exiger plus de moyens des pouvoirs publics et des fédérations pour faire face à ce retard. Certains experts ont déjà évoqué dans les médias l’existence de nouvelles techniques indécelables permettant une meilleure récupération et un meilleur stockage de glycogène. Qu’a-t-on mis en œuvre pour éviter les pratiques d’autotransfusion et l’utilisation des nouvelles formes d’EPO tant décriées avant le départ du tour 2009 ?

Beaucoup d’experts sont dubitatifs devant le nouveau record de vitesse réalisé dans l’ascension vers Verbier, nécessitant des qualités physiques bien supérieures à la normale. Nous ne voulons pas polémiquer ou montrer du doigt un coureur, mais nous demandons comme beaucoup de sportifs des explications et des évaluations rationnelles sur l’évolution des performances sportives.

A la fin de ce tour, il semblerait qu’une page soit tournée et que le silence règne en attendant l’année prochaine.

Nous restons aussi très interrogatifs sur les motivations du retour de Lance Armstrong et la frénésie médiatique qui l’a entouré. Nous l’avions déjà affirmé, son retour n’est pas une bonne chose pour le cyclisme, personne n’est dupe sur le personnage. Il aurait du normalement être sanctionné par l’UCI et le gouvernement français ainsi que la FFC aurait du s’opposer à sa présence sur ce tour. On peut refuser la présence d’un coureur dès lors que l’on a le courage de parler, et de parler fort. D’ailleurs, ça déjà été le cas pour plusieurs coureurs qui se sont vus refuser le départ du tour de France car leur présence nuisait à son image.

Il semblerait que l’image de Lance Armstrong ne peut pas se refuser. Tout a été mise en œuvre pour assurer une bonne communication et une bonne mise en scène pour que ce come-back, ce « one-man-show », prenne le pas médiatique sur la lutte contre le dopage.

Nous aurions préféré que les projecteurs soient plus orientés vers les cyclistes français qui nous donnent chaque jour une leçon de courage, de persévérance et de solidarité. Nous notons d’ailleurs que les valeurs de solidarité n’étaient du coté de l’équipe Astana sur ce tour de France, mais plutôt du coté des frères Schleck, des coureurs français comme Sandy Casar et Christophe le Mével de la Française des Jeux ou encore de l’équipe de BBOX Bouygues Telecom qui finit le tour avec deux victoires d’étapes et l’ensemble de ses coureurs sans aucun abandon. Une équipe qui avec d’autres s’engage à jouer la carte de la transparence en se pliant aux mesures les plus strictes qu’exige le code mondial antidopage.

Que sera le tour l’année prochaine ? On nous assure déjà dans la presse un grand spectacle pour l’édition 2010 avec la présence des meilleurs cyclistes ; la présence de Lance Armstrong sous les couleurs d’une nouvelle équipe, le retour d’Alexandre Vinokourov, de Michael Rasmussen, de Floyd Landis et d’Alejandro Valverde. Mais pour le moment nous n’avons aucune assurance sur l’évolution des procédures de contrôle anti-dopage, rien nous permettant de garantir que ce fléau sera définitivement combattu. Les organisateurs ont une année devant eux pour faire un choix ; soit celui de l’oubli, du silence profitable au spectacle et à la loi de l’argent, ou celui de regarder l’histoire en face et réagir pour faire le choix du sport, de l’éthique, de la passion et de l’humanité.

Après ce tour, soyons vigilant pour que ce sport ne reparte pas complètement en arrière. Tous les efforts entrepris ces dernières années peuvent être rapidement anéantis. Notamment les efforts des équipes françaises et des directeurs sportifs qui se sont engagées dans une démarche de long terme. Ce combat contre le dopage engagé depuis plus de dix ans a porté ses fruits, réduisant les tricheurs à une minorité. Il ne doit pas s’arrêter là, ni être remis en cause sous prétexte de donner la priorité au spectacle et à ses retombées financières. Lorsque que notre Ministère de la jeunesse et des sports avait initié la création du CPLD en France, nous avons fait du dopage une grande question nationale de santé publique, tel est le sens de la loi. Il s’agit d’une question de fond qui ne concerne pas uniquement le sport et les performances des sportifs, mais l’ensemble de nos concitoyens, car il s’agit du sens de l’humanité et des barrières à ne pas franchir.

Pour notre part, nous continuons à nous battre contre une dérive sociétale vers la marchandisation de tout, au-dessus de toutes règles, au-dessus de toutes valeurs humaines. Nous nous mobiliserons pour que le sport ne soit pas pris en otage par une poignée d’individus sans aucun scrupule. L’Etat doit reprendre une place privilégiée pour assurer une mission de service public, pour assurer le respect de la loi, la santé des sportifs, et protéger le sport des dérives financières. Cela passe bien entendu par l’existence d’un Ministère des sports qui a les moyens d’intervenir, et non un secrétariat d’état qui se destine à être une sorte de commission de haut niveau dilapidant à grande vitesse ses structures (CREPS, DDJS). Cela passe aussi par un soutien sans faille à l’AFLD en garantissant son indépendance d’intervention.

Pour cette raison, nous mettons le sport au cœur de notre réflexion politique et nous consacrerons un moment important à la rentrée à la question de l’évolution du modèle sportif, et notamment à l’occasion de notre université d’été et de la fête de l’humanité.

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